December 05, 2023 / By mobanmarket
“Le diable est dans les détails”, prévient Lola Vallejo, directrice du programme climat de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). A la COP28, qui se tient jusqu’au 12 décembre à Dubaï (Emirats arabes unis), quelque 150 Etats participants doivent mettre un coup d’accélérateur aux politiques climatiques. S’ils se sont déjà entendus sur un fonds pour compenser les “pertes et dommages” des pays victimes de désastres climatiques – l’un des enjeux principaux de cette conférence –, le sujet le plus litigieux reste à venir : la sortie des énergies fossiles que sont le pétrole, le charbon et le gaz, dont la consommation émet des gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. A la COP, la journée du mardi 5 décembre, consacrée à l’énergie, a ainsi été rebaptisée “journée de sortie progressive des énergies fossiles” par les ONG, qui multiplient les appels à abandonner ces combustibles.
Le président émirati de la COP28, Sultan al-Jaber, également directeur général de la compagnie pétrolière nationale Adnoc, a souhaité, lors de la cérémonie d’ouverture, que soit mentionnée dans l’accord final “la responsabilité des combustibles fossiles”. Un premier brouillon public (PDF), servant de base de discussion aux négociateurs, proposait bel et bien d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans le texte, défi qu’aucune COP n’a encore relevé. Ou leur réduction. Les deux verbes “phase-out” ou “phasedown”, c’est-à-dire respectivement “sortir progressivement” et “réduire progressivement”, y étaient en effet mentionnés et promettent d’être âprement débattus d’ici à la fin de la COP28. “C’est plus ambitieux que tout ce qui a été mis sur la table durant la COP27, donc le fait même de l’avoir parmi les options est un grand pas en avant”, salue Lola Vallejo.
Reste à choisir. Le terme “sortie”, surtout, est plus audacieux que le premier. Il déclenche aussi de nombreuses levées de boucliers. Lundi, le ministre saoudien de l’Energie s’est dit “absolument” opposé à un accord portant sur la sortie des énergies fossiles. Son pays est le premier exportateur de pétrole au monde. Plus tôt, le président polonais, Andrzej Duda, avait lancé à la tribune : “Sortir des énergies fossiles trop vite engendre une charge trop lourde pour la société.” Pourtant, le dernier rapport du Giec “présente diverses façons de limiter le réchauffement à 1,5°C, qui indiquent toutes une élimination de facto des combustibles fossiles dans la première moitié du siècle”, martèle Joeri Rogelj, directeur de recherche et professeur de science et de politique climatique à l’Imperial College de Londres. “Est-ce que cela ramènera le monde aux grottes ? Absolument pas, sauf peut-être pour se rafraîchir lors de la prochaine canicule insoutenable”.
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