July 13, 2023 / By mobanmarket
“Depuis l’arrivée de Narendra Modi au pouvoir en 2014, l’Inde (…) n’a eu de cesse de régresser sur le terrain du respect des droits humains et des libertés fondamentales.” Plusieurs responsables écologistes ont protesté, dans une tribune à Libération parue en mai, contre la décision d’Emmanuel Macron de faire du Premier ministre indien l’invité d’honneur des cérémonies du 14-Juillet. A la veille de sa visite en France, franceinfo revient sur la dérive autoritaire du nationaliste hindou.
Avec la victoire des nationalistes hindous du Bharatiya Janata Party (BJP) aux législatives de 2014, l’Inde est peu à peu devenue une “démocratie ethnique”. “Ce terme désigne un régime dans lequel des citoyens de ‘second rang’ issus de minorités n’ont pas les mêmes droits que la majorité”, explicite Christophe Jaffrelot, politiste au Centre de recherches internationales de Sciences Po Paris (Ceri). “L’idéologie défendue par le parti de Narendra Modi est que l’Inde est un pays hindou”, à rebours de sa tradition multiculturelle et multiconfessionnelle, précise Meenakshi Ganguly, directrice Asie du Sud de l’ONG Human Rights Watch.
La dernière décennie a ainsi vu “se multiplier les attaques contre les minorités religieuses, en particulier les musulmans”, poursuit-elle. Ces violences ne sont pas inédites. Des centaines de musulmans avaient été tués en 2002 lors d’émeutes au Gujarat, Etat de l’ouest du pays, alors dirigé par Narendra Modi. Son gouvernement avait été accusé de complicité dans ces crimes, pour avoir ordonné à la police de ne pas intervenir, rappelle un récent documentaire de la BBC.
Désormais à la tête de l’Etat fédéral, les nationalistes hindous “ont franchi un cap en transcrivant dans la loi ce principe d’inégalité”, juge Christophe Jaffrelot. “Les réfugiés musulmans venus de pays voisins ne peuvent plus demander la citoyenneté indienne, contrairement aux hindous. Ils ne peuvent pas se loger facilement dans certains quartiers et les mariages interreligieux sont devenus quasi impossibles”, liste l’auteur de L’Inde de Modi : national-populisme et démocratie ethnique (Fayard, 2019). Dans le pays le plus peuplé au monde, cette politique discriminatoire affecte “plusieurs millions de personnes”, insiste Meenakshi Ganguly.
Si l’Inde continue d’organiser des scrutins réguliers et “disputés, grâce à un multipartisme très riche”, il existe “un déséquilibre dans la compétition électorale”, juge Christophe Jaffrelot. Car “le BJP a d’énormes ressources financières”, qui lui permettent de dominer l’espace médiatique lors des campagnes. Mais le pouvoir a entrepris d’étouffer plus encore les partis adverses. Human Rights Watch dénonce ainsi des tentatives d’intimidation contre l’opposition.
“Les agences fédérales sont utilisées pour faire pression sur les élus de l’opposition, avec une multiplication des poursuites judiciaires pour des motifs politiques.”
Meenakshi Ganguly, directrice Asie du Sud de Human Rights Watch
à franceinfo
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